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Les agriculteurs allemands inquiets d’un passage du « Smic » à 15 € de l’heure

Les producteurs d'asperges allemands se sentent particulièrement vulnérables face à une hausse du Smic.

La revalorisation du salaire minimum, ancrée dans la feuille de route du nouveau gouvernement, représente une hausse de 17 %.

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Ce point du contrat de coalition, signé par les conservateurs du nouveau chancelier Friedrich Merz et les sociaux-démocrates, inquiète particulièrement les agriculteurs. Le salaire minimum, actuellement à 12,82 € brut de l’heure, doit passer à 15 € en 2026. Une hausse de 17 % qui inquiète particulièrement les branches dépendantes de la main-d’œuvre saisonnière.

Pour Jürgen Jakobs, producteur d’asperges près de Berlin, une telle éventualité le forcerait à réduire sa surface cultivée. « Nous cesserions ainsi la production pour les supermarchés pour se concentrer sur la vente directe et la restauration », indique-t-il, « une mécanisation et une rationalisation supplémentaires sont quasi impossibles pour nous ».

Un tiers des producteurs d’asperges ont abandonné

Les productions recourant à beaucoup de main-d’œuvre avaient notamment choisi cette voie pour amortir les coûts liés au « Smic », introduit en 2015 outre-Rhin. Ainsi, les surfaces de fraises sous tunnel ont été quasi multipliées par trois sur une décennie afin d’optimiser les rendements. Les aides mécaniques ont été multipliées pour accélérer les récoltes.

« Certaines exploitations ont facturé le coût de l’hébergement, jusqu’ici offert, aux travailleurs saisonniers », précise Simon Schumacher, représentant des producteurs d’asperges et de fraises du sud de l’Allemagne. La hausse du coût du travail a toutefois contribué à un resserrement de l’offre. Ainsi un tiers des producteurs d’asperges, dont les Allemands sont très friands, ont abandonné depuis 2015. La hausse des prix a conduit à une baisse d’un quart de la consommation de ce légume.

Les robots de l’espoir

« Nous voyons le futur dans la robotisation, principalement pour les grandes exploitations. On dit que ces robots peuvent récolter 15 hectares par jour. Ils pourraient remplacer la majeure partie des frais de personnel », se projette Simon Schumacher, en référence au lancement récent de premiers automates récolteurs. Jürgen Jakobs n’envisage pas cette option, au regard d’investissements « en centaines de milliers d’euros » à réaliser.

Les représentants des agriculteurs pressent pour un Smic dérogatoire pour la branche. Ils souhaitent geler la rémunération minimale à son niveau actuel jusqu’à ce que le Smic « normal » atteigne 16 euros brut de l’heure et ensuite le maintenir 20 % en dessous. « Nous sommes prêts à garantir, en échange, la gratuité de l’hébergement et des repas », insiste Jürgen Jakobs, à la tête de l’association des producteurs d’asperges de Beelitz.

Des revendications sur les contrôles

Une autre revendication vise à assouplir les contrôles des exonérations de charges pour l’emploi de saisonniers étrangers. La caisse de retraite applique de lourdes sanctions financières aux exploitants si leurs salariés ont fait une déclaration inexacte afin de ne pas être soumis aux cotisations.

Si la hausse du Smic à 15 € devait se concrétiser, Simon Schumacher peut y déceler une maigre consolation. « Le seul avantage d’une hausse du Smic serait que les exploitations qui se maintiennent auraient un avantage compétitif pour recruter. Nous pourrions de nouveau attirer des personnels confirmés en Allemagne. »

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